L’importance de l’expérience

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A l’occasion d’un voyage en Inde, Carl Gustav Jung nous explique l’importance de ne pas croire mais de faire l’expérience.

Carl Gustav Jung en Inde

Dans Ma Vie, Carl Gustav Jung raconte un voyage en Inde. Cet extrait est idéal je trouve pour comprendre de manière très concrète comment le parcours d’individuation implique de refuser toute adhésion à une croyance extérieure, adoptée et non expérimentée. L’esprit critique doit être constamment en éveil. La curiosité pour ce qu’on ne connaît pas est nécessaire à l’ouverture d’esprit. Cependant notre système de croyance doit être personnel et impossible à échanger avec un autre. Il doit se baser sur nos expériences et non sur une sagesse institutionnalisée et inculquée. On ne doit se placer sous l’autorité d’aucun système de croyance en particulier.

La fin de l’extrait qui a retenu mon attention est intéressant également car Jung y évoque la question de l’Ombre. Il se poste également en défenseur des émotions. Ce texte est particulièrement d’actualité. De nombreuses écoles de spiritualité inspirées de la pensée hindoue laissent croire qu’on devrait « annuler » les pensées parasites et mettre les émotions à distance. Avec des méditations et des exercices physiques. Comme si le top du top était de ne plus rien ressentir. Comme si être de marbre signifiait être en paix.

Jung met en garde contre « l’état de vide » : si on se débarrasse de nos complexes en les mettant hors d’état de nuire, bloqués dans l’inconscient ils bloqueront l’évolution de l’être…

Ganesh

Extrait de Ma Vie, Carl Gustav Jung

« J’ai eu de longs entretiens plein d’intérêt avec S.Subrayama Iyer, le guru du maharadja de Mysore, dont j’ai été l’hôte pendant un certain temps, et avec beaucoup d’autres dont malheureusement j’ai oublié les noms. Par contre, j’ai évité toute rencontre avec les « saints personnages ». Je les ai évités parce que je devais me contenter de ma propre vérité et ne devais en rien accepter en dehors de ce que je pouvais atteindre par moi-même. J’aurais eu l’impression de commettre un vol si j’avais tenté d’être instruit par les « saints » et d’accepter, pour moi, leur vérité. Leur sagesse est à eux, et à moi n’appartient que ce qui provient de moi-même. En Europe plus encore je ne puis rien emprunter à l’Orient ; au contraire, il me faut vivre par moi-même, par ce que me dit mon être intérieur, ou par ce que la nature m’apporte.

Je ne sous-estime nullement la figure lourde de signification du « saint » indien. Mais je n’ai pas la présomption de pouvoir l’apprécier en tant que phénomène isolé à sa juste valeur. Par exemple je ne sais pas si la vérité qu’il prononce est une révélation qui lui est personnelle ou si c’est un proverbe qui court les rues depuis des millénaires. […]

Je fus frappé par le fait que la spiritualité indienne recevait autant du mal que du bien. Le chrétien aspire au bien et succombe au mal ; l’indien au contraire, se sent en dehors du bien et du mal ou cherche à atteindre cet état par la méditation et le yoga. C’est ici cependant que surgit mon objection : dans une telle attitude, ni le bien, ni le mal n’ont de contours qui leur soient propres et cela entraîne une certaine inertie. Nul ne croit vraiment au mal, nul ne croit vraiment au bien. Bien ou mal signifient tout au plus ce qui est mon bien ou mon mal, ce qui m’apparaît comme bien ou comme mal. On pourrait dire paradoxalement que la spiritualité indienne est dépourvue à la fois du mal et du bien, ou encore qu’elle est à tel point accablée par les contraires, qu’il lui faut à tout prix le nirvana, c’est à dire la libération des contrastes et des dix milles choses.

Le but que poursuit l’indien n’est pas d’atteindre la perfection morale, mais d’atteindre l’état de nirvana. Il veut se libérer de la nature et par conséquent atteindre par la méditation l’état sans image, l’état de vide. Moi, au contraire, je vise à me maintenir dans la contemplation vivante de la nature et des images psychiques. Je ne veux être débarrassé ni des hommes, ni de moi-même, ni de la nature, car tout cela représente à mes yeux une merveille indescriptible. La nature, l’âme et la vie m’apparaissent comme un épanouissement du divin. Que pourrais-je désirer de plus ? Pour moi, le sens suprême de l’être ne peut consister que dans le fait que cela est et non point dans le fait que cela n’est pas ou que cela n’est plus.

Pour moi, il n’y a pas de libération à tout prix. Je ne saurais être débarrassé de quoi que ce soit que je possède que je n’aie ni fait, ni vécu. […]

Un homme qui n’a pas traversé l’enfer de ses passions ne les a pas non plus surmontées. Elles habitent alors dans la maison voisine et, sans qu’il y prenne garde, une flamme peut en sortir qui atteindra aussi sa propre maison. Si nous abandonnons, laissons de côté et, en quelque sorte, oublions à l’excès, nous courons le danger de voir reparaître avec une violence redoublée tout ce qui a été laissé de côté ou abandonné. » Carl Gustav Jung,Ma Vie.

Merci de m’avoir lue. J’espère que cette réflexion aura résonné pour vous autant que pour moi, au point que je l’avais noté en la lisant il y a plusieurs années. En lisant cet extrait pour la première fois, j’avais senti comme quelque chose de très important pour moi, dans ce texte.

Faites de beaux rêves et notez les !

Léa Le Gall


Si cet article vous a plu, je vous invite à regarder mes vidéos sur Youtube à propos du rêve et de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung

Voir la chaîne YT de Léa Le Gall


Publié le

Catégorie(s) : Psychologie jungienne


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