Un « Grand Rêve » selon Carl Gustav Jung
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Carl Gustav Jung appelle « grand rêve » un rêve qui concerne autant l’individu que le destin de l’humanité. Ce sont des rêves assez rares mais passionnants ! Nous verrons d’abord le grand rêve le plus connu rapporté par Carl Gustav Jung. Puis nous verrons le grand rêve de l’une de mes clientes.
Le grand rêve de Carl Gustav Jung
Prémisses à partir de 1913
Dans Ma Vie, autobiographie parue à la fin de sa vie, Carl Gustav Jung raconte l’un de ses grands rêves. Ce grand rêve a été fait en 1914. Jung à cette époque était très attentif à ses rêves. Il les observait, les notait, méditait sur leur sens. Mais il n’avais pas encore trouvé le moyen de comprendre leur message. Sa méthode d’analyse n’était pas au point.
Parenthèse :
(Jung venait tout juste de prendre ses distances avec Freud. Parmi les raisons de leur discorde, la question de l’interprétation des rêves. Ils n’avaient pas du tout la même vision de l’interprétation des rêves. Je ferai un article plus spécialement à ce sujet.)
Donc ce grand rêve de Jung succéda à une série de visions obsédantes mais éveillées. Ces obsessions avaient commencé lors d’un voyage en train à l’automne 1913 et le harcelaient :
« Au mois d’octobre, alors que j’effectuais un voyage seul, je fus soudain assailli par une vision : je vis un flot immense recouvrir tous les pays de plaine septentrionaux, situés entre la mer du Nord et les Alpes. Les flots s’étendaient alors de l’Angleterre à la Russie, et des côtes de la mer du Nord presque jusqu’aux Alpes. Lorsqu’ils atteignirent la Suisse, je vis les montagnes s’élever toujours d’avantage, comme pour protéger notre pays. Une catastrophe épouvantable venait de s’abattre. Je voyais d’immenses vagues jaunes, les débris des œuvres de la civilisation flottant, et la mort d’innombrables milliers d’humains. La mer se transforma alors en flots de sang. Cette vision dura une heure environ » Carl Gustav Jung, Ma vie.
La vision revient et la mer se transforme en sang les fois suivantes. Quelque chose lui dit que c’est lié à des évènements mondiaux proches. Cependant il ne voit pas lesquels et craint d’être menacé par la psychose.
Une parenthèse ici s’impose :
(Jung était dans une période d’instabilité et de grande fragilité. Il remettait en question beaucoup de choses. Il considéra d’ailleurs cette période assez sombre comme bénéfique. C’est comme si une traversée du désert à ce moment là était nécessaire. Il en avait conscience au moment où il était au plus bas. Il devait d’abord s’émanciper de Freud, qu’il considérait à la base comme un mentor. Accepter de lui être finalement opposé dans un conflit d’idées, oser proposer une psychologie différente de celle de Freud. Il sortit de cette période aguerri, prêt à défendre sa propre conception de la psyché. Il réussit à se démarquer, et donc en un mot : à s’épanouir.)
« Ma vie est l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa propre réalisation. » écrira-t-il dans « Ma vie » à l’âge de quatre vingt trois ans)
Grand rêve en 1914
Au printemps 1914, la vision apparaît cette fois-ci en reve :
« Au beau milieu de l’été, un froid arctique faisait irruption et la terre se trouvait pétrifiée sous le gel. Une fois, par exemple, je vis que toute la Lorraine, avec ses canaux, était gelée. Toute la région était comme désertée des hommes et tous les lacs et toutes les rivières étaient recouverts de glace. Toute végétation vivante était figée par le gel.
Ces images de rêves se produisirent en avril, en mai et en juin 1914. Lors de la troisième répétition de ce rêve, un froid monstrueux qui semblait provenir des espaces intersidéraux avait envahi la Terre. Toutefois, ce rêve a eu une fin imprévue. Il y avait un arbre portant des feuilles mais pas de fruits (mon arbre de vie, pensais-je), dont les feuilles s’étaient transformées sous l’effet du gel en grains de raisins sucrés, pleins de jus bienfaisant. Je cueillais les raisins et les offrais à une foule nombreuse qui attendait. »
Comment Jung s’est retrouvé « branché » sur l’inconscient collectif
Lorsque la guerre éclate, Jung comprend la fin de ce rêve. Il se sent comme investi de la mission de partager ses découvertes sur l’inconscient. De chercher à comprendre ce qui permit l’émergence de visions qui l’ont relié, lui, à la collectivité. Il pensa que ce phénomène pouvait découler d’une disposition d’esprit qu’il eu sans la rechercher. Alors il observa son comportement, ses habitudes, sa manière de vivre en ces années 1913-1914. Ces années étaient celles d’un repli sur soi pour Jung. Il avait besoin de solitude. Il était en pleine phase d’introspection. Chaque jour, Jung consacrait son début d’après-midi à des activités manuelles. Comme lorsqu’il était enfant, il construisait des tas de choses, guidé par son imagination.
A travers ces activités, cette régression, son imagination et son intuition se sont rejointes. Et Jung s’est retrouvé être le « medium » de l’inconscient collectif, autrement dit son messager.
Le grand rêve d’une cliente
Pourquoi c’est très rare
Parfois, en consultation j’ai affaire à un « grand rêve ». Autrement dit un rêve qui parle non pas de l’individu et de ses problèmes personnels. Mais un rêve qui parle de la société. C’est très rare. D’après mon expérience de l’interprétation des rêves, les clients qui me confient de tels rêves ont trois points communs :
_ Une grande sensibilité.
_ Une intuition affûtée et qui est leur outil principal pour s’orienter dans la vie.
_ Ils sont dans une période de lâcher-prise.
Mais attention :
_ Le lâcher-prise peut être recherché et le fruit d’un travail sur soi en conscience.
_ Ou bien le lâcher-prise est involontaire, et à la limite de la décompensation parfois… C’est le cas de Jung qui en 1914 était dans un état de lâcher-prise involontaire et subi. Ce qu’il réalise plus tard.
(C’est pour ça que les gens qui sont en crise psychotique peuvent avoir des visions très précises des évènements à venir. C’est d’ailleurs à l’état de transe que les « sages » – chefs, chamans, gourous – voient des choses qui concernent la communauté. )
Rêve en contexte
Une cliente notamment m’a contactée en début d’épidémie de covid-19. Elle avait fait un rêve dans lequel il y avait « beaucoup de triangles et d’yeux ». Quand j’ai reçu le récit du rêve, j’étais abasourdie. Et aujourd’hui encore en le relisant, je n’en reviens pas. Le rêve annonçait tout ce qui allait se passer dans l’année. La question polémique des vaccins, alors qu’on ne savait pas encore si un vaccin verrait le jour… Ni si ce serait pour 2021 ou bien plus tard. Puis le problème des vaccins en retard. De ceux dont l’efficacité serait remise en cause avec les variants. L’embarras des dirigeants face à une situation sans précédent. Leur difficulté à ne pas donner l’impression d’être dans l’improvisation totale… Tout ça se passait dans le bureau ovale. Elle épiait les dirigeants du G20 à travers le trou d’une serrure.
Parenthèse :
(Je ne vais pas retranscrire ici tout le rêve ainsi que mon analyse car ce serait trop long. En tant que lecteur non formé à l’interprétation des rêves, ça ne vous sera pas utile. Rappelons que le message du reve n’est pas évident de prime abord. Et ce rêve-ci est particulièrement complexe symboliquement.)
Pourquoi elle ne pouvait pas savoir tout ça ?
D’abord, parce que personne n’en savait rien à ce moment-là ! Et puis parce que cette cliente n’est ni journaliste politique, ni chercheur au CNRS. Cette cliente est une coiffeuse à domicile pétillante et pleine de vie. Elle m’avoue ne pas regarder les informations (trop anxiogène). Elle n’est pas passionnée de géopolitique. Sa connaissance des symboles est basique (elle ignorait par exemple que l’aigle était l’un des symboles des États-Unis). Aussi n’avait elle pas du tout conscience d’avoir fait un « grand rêve ». Elle était surtout curieuse de comprendre ce que pouvaient signifier les triangles et les yeux… Cette cliente a reçu un rêve beaucoup trop dense symboliquement. D’un niveau supérieur à sa propre capacité d’analyse. Et dont le message dépassait son usage personnel.
Entre « rêve » et « grand rêve » une différence d’échelle
Les rêves utilisent les Archétypes issus de l’inconscient collectif pour générer des symboles. Ils travaillent pour la plupart au bien-être, à l’homéostasie du dormeur. Les « grands rêves » sont les exceptions qui confirment la règle. Ceux-là sont directement adressés à la collectivité. Comme si l’inconscient collectif « utilisait » parfois un rêveur pour en faire le « medium » d’une annonce générale. Une expérience dont on se rappelle toute sa vie.
Les grands rêves tendent à démontrer que quelque chose en soi est à même de nous éclairer. Sur ce qui se joue en ce moment et ce qui est sur le point d’advenir.
Les rêves « normaux » nous informent également ce qui se joue en ce moment pour soi. Et ce qui est sur le point d’advenir dans notre vie. Les rêves normaux œuvrent donc de la même manière mais à échelle individuelle. C’est la fonction d’anticipation du rêve. C’est pourquoi le travail sur le rêve est toujours extrêmement bénéfique pour soi. Et parfois aussi, pour comprendre le sens du vent. Pour observer la direction qu’est en train de prendre le monde, et se préparer à tout ça 🙂
N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire, et à me poser vos questions. Je vous répondrai avec plaisir 🙂
Faites de beaux rêves et notez les!
Léa Le Gall
Si cet article vous a plu, je vous invite à regarder mes vidéos sur Youtube à propos du rêve et de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung
Voir la chaîne YT de Léa Le Gall
Publié le
2 Commentaires:
Tout ce qui me hérisse dans les assertions d’analyste sur les rêves (« grands » ou pas) !
Car autant dans le cas de Jung, ses visions récurrentes rendent peu contestable que ses rêves soient l’expression de l’intuition d’un suisse cultivé et alémanique de surcroît, donc inévitable temoin de l’évolution belliciste d’une allemagne qui ne faisait pas la promotion du sport pour autre chose, autant s’agissant d’yeux et triangles d’un rêve de coiffeuse je trouve pis qu’osé d’en conclure qu’il était l’intuition d’une future obligation de port de… RECTANGLES sous les yeux. Pourquoi ne pas y voir plutôt des panneaux TRIANGULAIRES de signalisation de danger surmontés d’yeux de gendarme ? Ou des foulards TRIANGULAIRES de cowboys ?! Ou du bandit playmobile (ref PLAYMOBIL réf 6820) ?
Toutes raisons de n’accorder crédit et, surtout utilité qu’aux SEULES interprétations de l’analysant. Et réserver les siennes pour… soi-même ! 🤣
Je n’ai pas compris grand chose à votre commentaire… Peut-être que l’usage de points permettrait une respiration bienvenue et une pause entre chaque idée qui, liées ainsi, n’inspirent pas l’impression d’une pensée pesée, sourcée et mesurée.